Rapport de Moulaye Merbah sur le 1er Novembre 1954

Lettre adressée par le Sécrétaire Général du MNA à Messali Hadj en résidence forcée, où il décrit son arrestation au lendemain du 1 er Novembre, le déclenchement de la révolution algérienne et le rôle logistique, militaire et politique du MNA.

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1- Extraits Sélectionnés

 Note: Les phrases entre parenthèses sont des précisions de la rédaction FMH

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« …Là (en prison), j’ai appris que la Révolution avait été déclenchée par des éléments du CRUA d’accord avec nos responsables de Kabylie (Krim Belkacem et Oumrane). J’ai aussi appris, que certains centralistes avaient quitté l’Algérie quelques jours avant les évènements après avoir remis une partie des fonds du parti qui était en leur possession aux dirigeants du CRUA. C'est-à-dire que ces centralistes avaient déjà connaissance de ce qui allait se passer le 1er novembre 1954».


«Il m’a été révélé en prison qu’ils (les centralistes) avaient convenu avec le commandant de Montreuil qu’une fois libérés, ils œuvreraient pour l’union de toutes les tendances politiques algériennes dans un organisme qu’ils allaient appeler « Rassemblement Populaire Algérien ». Le but du gouvernement français en leur inspirant cette politique, était d’introduire ses agents dans ce rassemblement et de faire en quelque sorte échouer la Révolution. Je pense que le gouvernement a atteint son premier objectif au sein du FLN puisque les centralistes s’y sont définitivement ralliés ainsi que d’autres».


«...Quant à la Révolution, aucun d’entre eux (les centralistes) ne la prenait au sérieux. Les uns disaient « ces batards (en parlant des éléments du CRUA) ont déclenché ces événements dont le seul résultat a été notre arrestation ». Les autres disaient : «  ces événements ne vont pas tarder à prendre fin car le peuple algérien n’est pas mûr et il est encore loin de comprendre le sens de l’indépendance ». Boudaâ ne cessait de répéter à qui voulait l’entendre tous les propos défaitistes. Quant à mes camarades et moi nous étions tout à fait sûrs de la continuité de la lutte car nous avions appris que nos militants étaient déjà entrés en lice et avaient rejoint les maquis. Les nouvelles nous parvenant chaque jour indiquaient clairement que les événements progressaient. Quant aux éléments du CRUA, ils étaient d’accord avec nous et nous manifestaient beaucoup de sympathie. Par contre, ils haïssaient les centralistes».


«En Algérie, notre direction nous a toujours affirmé que nos maquis étaient nombreux en Kabylie, dans les Monts du Hodna, dans les Aures et à Biskra. Notre organisation de sécurité existait en grand nombre à Alger et à Oran. De nombreuses actions contre les traitres avaient été menées par elle, mais ces actions étaient le plus souvent imputées à l’actif du FLN. On pouvait remarquer à l’époque que cette politique de silence était la même en France et en Algérie».

«...Plusieurs d’entre eux sont tombés sur les champs de bataille pour la Libération de l’Algérie. Combien parmi eux qui avaient donné des preuves de courage au combat. Nous pouvons citer le général Ziane dont la presse a beaucoup parlé, le commandant Ibrahim qui n’est autre que l’instructeur sus-cité Rabah, Abdelkader, etc…».


«...A l’Ambassade d’Egypte, j’ai insisté pour avoir des renseignements sur nos frères Mézerna et Chaddly dont nous n’avions pas eu de nouvelles depuis juin 1955, malgré lettres et télégrammes que nous avions adressés au Président Nasser. Je n’ai pu obtenir aucun renseignement».

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